Nous sommes à l’ère de la communication. Tout ce qui touche à la communication est réputé n’avoir que des aspects positifs (tant qu’elle respecte les derniers tabous de la société), ce qui donne une quasi priorité à tous les progrès techniques dont elle bénéficie.
Mais dès qu’il s’agit de diplomatie, la communication cesserait d’être respectable même si elle ne se cache pas, comme le G8, et devient même redoutable si elle recherche la discrétion comme la Trilatérale, le Groupe de Bilderberg, le club de Rome ou le Forum économique mondial. N’hésitons pas à dissocier le G8 des autres groupes qui ont davantage suscité la suspicion par l’obscurité de leur recrutement que pour toute autre raison. S’agissant du G8, tout ce qui le concerne est d’une parfaite clarté : son recrutement limité aux chefs d’état ou de gouvernement des grands pays industrialisés, la taille limite des pays admis qui est arbitraire mais connue, l’ordre du jour de ses réunions, son absence totale d’organisation et de moyens et donc de capacité d’action, et, s’agissant d’une réunion d’hommes détenant de grands pouvoirs chacun dans leur pays, l’absence totale de pouvoirs collectifs. Alors, quelle critique peut-on formuler à ce qui n’est en définitive, et en vérité qu’un groupe de réflexion informel ?
Il lui serait reproché de nombreux méfaits :
- le G8 se réunit sans mandat officiel ni droit de regard de leurs citoyens ; incompréhension trop énorme pour ne pas être voulue : un chef d’état à le droit de parler à un autre chef d’état, et même à plusieurs autres ; il peut le faire par écrit, par téléphone, ou en le ou les rencontrant ; il n’y a pas au monde une seule constitution ou traité international qui y fasse obstacle ; il n’est pas interdit de penser, au contraire, qu’il est très souhaitable que les chefs d’état parlent des problèmes auxquels ils sont confrontés, et, s’agissant de huit chefs des états ayant participé comme acteurs majeurs, et dans des camps opposés, à deux guerre mondiales et à une guerre froide, que cette opportunité leur a dans le passé gravement fait défaut ;
- ce serait un club fermé, péché véniel s’il en est, car par définition un club réuni des membres acceptant un objet commun ;
- ce club servirait d’abord les intérêts des pays membres, reproche étrange ; comment critiquer un dirigeant qui défend l’intérêt de son pays ?
- il produit un discours dominant, chose peut étonnante venant des grands pays industrialisés de la planète qui naturellement précèdent l’évolution technique du monde ; et vise à imposer ses normes, ce qui découle de ses orientations industrielles, et secondairement de la protection de ses intérêts ;
- l’élargissement aux ministres des Finances, des affaires étrangères, de la justice, de l’Intérieur, de l’environnement, de la Recherche, de l’emploi, du développement et aux gouverneurs des banques centrales, lui permettrait d’empiéter sur les compétences de l’ONU et de porter atteinte à sa crédibilité ; on peut aussi considérer que le filtrage opéré sur les dossiers concernant neuf départements ministériels permettra à l’ONU d’agir plus vite dans les domaine où sa compétence ne peut être remplacée :
- c’est la partie visible de la diplomatie informelle ; certes, la diplomatie pour être efficace ne peut négocier en public, mais le G8 n’est pas une instance ou l’on négocie, c’est un lieu où on analyse les problèmes, et c’est pour cela que l’ordre du jour en est connu et le résultat des rencontres aussi ;
Se rendant compte que toutes ces accusations n’ont pas grand poids, l’accusateur termine en général par le péché suprême :
le G8 n’est pas qu’un club de discussion et de concertation parmi beaucoup d’autres. Ne serait-ce que parce que ses membres possèdent respectivement plus de 40% et plus de 50% des droits de vote au sein de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, qu’ils représentent les deux tiers du PIB mondial et détiennent quatre des cinq sièges permanents au Conseil de sécurité.
Ce qui revient à découvrir à la fin d’un long réquisitoire que le club qui s’est présenté comme réunissant les plus grands pays industrialisés de la planète représente des droits de vote à la Banque Mondiale et au FMI proportionnels à leur part dans le capital, et que leur avance industrielle pèse d’un poids important dans le PIB mondial, et que l’histoire leur a donné la responsabilité de quatre sièges sur cinq au Conseil de Sécurité de l’ONU. Tout ceci ne permet guère de trouver un seul argument sérieux pour empêcher des chefs d’état de parler entre eux.
http://www.svizzera.attac.org/le-G8-et-le-systeme-international
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Il y a 8 heures
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