Le premier boursicoteur se rendit compte très vite que spéculer à la hausse c’était bien, mais qu’il y avait aussi des baisses, d’amplitude presque aussi grande que les hausses, et que si on pouvait les utiliser pour gagner des sous la bourse deviendrait un vrai paradis. En effet, gagner quand ça monte et gagner quand ça descend, que souhaiter de plus ?
Il fallait cependant trouver le moyen, car pour gagner à la hausse, il suffit d’acheter des titres à un prix, et de les vendre quand ce prix a augmenté, ce qui est tellement simple que c’est la base du commerce. Mais gagner à la baisse c’est beaucoup plus délicat ; il faudrait vendre des titres que l’on n’a pas quand ils cotent un certain prix, et les acheter quand le prix a diminué. Évidemment, là ça coince car personne ne veut acheter, et payer, des titres qui ne lui sont pas immédiatement remis ; il faut donc se procurer des titres en les empruntant à quelqu’un qui en a pour les donner à celui à qui vous allez en vendre ; puis les titres achetés quand le cours aura baissé seront donnés au prêteur en remboursement de ceux qu’il avait prêtés. C’est un peu compliqué, mais on comprend quand même que ça peut marcher quand le cours baisse, mais que se passe-t-il quand le cours monte ? Comme il va falloir rembourser quand même celui qui nous a prêté des titres, il va falloir en acheter à un cours supérieur au prix où nous avons vendu, et donc faire une perte pour dénouer l’opération.
On penserait que cette procédure a eu le temps de se parfaire et de fonctionner correctement de nos jours, et quelle n’est pas notre surprise de découvrir que la fameuse SEC (Securities and Exchange Commission) vient de sortir, le 15 juillet, un « emergency order » applicable du 21 au 29 juillet, et concernant les titres des plus grandes banques du monde ainsi que ceux de Fannie Mae et de Freddie Mac:
IT IS ORDERED that, in connection with transactions in the publicly traded securities of substantial financial firms, no person may effect a short sale in these securities unless such person or its agent has borrowed or arranged to borrow the security or otherwise has the security available to borrow in its inventory prior to effecting such short sale and delivers the security on settlement date.
Ce qui revient à dire 1. qu’avant le 21 et après les 29 juillet 2008 cet ordre ne s’appliquait et ne s’appliquera pas, et 2. que sur les titres autres que ceux des plus grandes banques mondiales ils n’ont jamais eu à s’appliquer, ce qui est étrange, la vente à découvert reposant, comme son nom l’indique, sur une vente comptant et donc sur des titres livrables. Mais peut-être qu’aux États-Unis ce n’est pas comme chez nous …
Nous en étions là de nos réflexions quand fut publié ceci :
Vendredi 18.07.2008
L'Autorité française des marchés financiers (AMF) a fait savoir vendredi que plusieurs notifications de griefs avaient été adressées à des acteurs financiers pour des ventes à découvert illicites.
Selon l'AMF, plusieurs affaires sont étudiées par la commission des sanctions. Il est reproché à des acteurs financiers d'avoir vendu des titres alors que le marché du prêt emprunt de titres ne permettait pas de les emprunter pour assurer la livraison sous trois jours. L'autorité de régulation a également rappelé que les ventes à découvert étaient autorisées en principe, à condition d'être compatibles avec le règlement, qui prévoit justement une livraison des titres vendus dans un délai de trois jours.
Il semble que chez nous ce n’est pas mieux qu’aux États-unis. Ce serait bien quand même que l’on nous explique qui a été victime de ce qui ressemble fort à des magouilles.
Ten Economic Questions for 2025
Il y a 6 heures
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