Dans le Washington Post du 1er juillet on peut lire un petit fait divers juridique qui rafraîchit quand on est un peu fatigué par le juridisme caricatural des États-unis.
L’affaire se déroule à la cour d’appel du District de Columbia ; un chinois Ouïghour, membre d’un mouvement séparatiste, avait quitté la Chine en May 2001 pour échapper aux persécutions, et vivait depuis dans un camp en Afghanistan. Après un bombardement aérien, il s’enfuit avec d’autres réfugiés Ouïghours au Pakistan oû ils furent ensuite remis aux autorités américaines.
Le tribunal qui l’avait condamné avait reconnu qu’il n’avait pas été hostile envers les États-unis ou leurs alliés, mais avait néanmoins conclu qu’il était un ennemi combattant parce qu’il vivant dans un camp Afghan connu pour être dirigé par le leader d’un groupe lié à Al-Qaïda et aux Talibans. Outre que cette affirmation n’était supportée que par une preuve dont on ignorait l’origine et le raisonnement qu’elle justifiait, les juges furent particulièrement intéressés par les assertions du gouvernement selon lesquelles on pouvait s’appuyer sur cette preuve parce qu’elle était répétée dans plusieurs documents et que des officiels n’y auraient pas inséré cette information si elle n’était pas sûre.
« Malgré Lewis Carroll, le fait que le gouvernement l’ait dit trois fois ne rend pas une allégation véridique », écrivit le juge, citant le poème « The Hunting of the Snark ».
N’est-il pas merveilleux que Lewis Carroll soit ainsi associé à la libération d’un Chinois que les bouleversements d’un monde troublé ont amené dans les geôles de la seule puissance plus redoutable que le pays dont il voulait échapper, et cela par la force immense d’un vers de 8 mots ?
Vers que voici :
What I tell you three times is true.
Lewis Carroll 1832-98: The Hunting of the Snark (1876)
Little Oxford Dictionary of Quotations
Doliprane et souveraineté
Il y a 1 heure
1 commentaire:
Merci le Gaulois; cette anecdote est à préserver pour la postérité... elle explique bien la géopolitique de ce début de XXIème siècle, mais aussi que l'histoire est un éternel recommencement...
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