Le protectionnisme douanier ne sera pas nécessaire ; la solution va être beaucoup moins agréable, et va nous être imposée par la situation.La liberté du commerce sans aucune limite ne peut fonctionner que si tout de qui est nécessaire au commerce, les hommes, les capitaux et les matières premières, est également disponible sans limite, ce qui était le cas jusqu’à une période récente. Mais on sait maintenant que les limites ont été sinon atteintes du moins perçues comme n’étant plus très loin. Cela modifie les conditions du commerce qui, d’une situation ou l’offre s’adaptait facilement à la demande, au point que le souci était souvent de soutenir la demande, quand il ne s’agissait pas de la créer, va passer à une situation ou une offre limitée va imposer ses conditions à une demande impossible à satisfaire, soit par insuffisance de quantités offertes à la vente, soit en raison des conditions imposées par le vendeur.Le comportement de la Russie dans la distribution de son gaz illustre le commerce international tel qu’il va falloir le pratiquer bientôt ; il n’y a pas un marché où acheteurs et vendeurs se mettent d’accord sur la chose et sur son prix, selon la formule traditionnelle de l’accord commercial, il y a un vendeur qui fixe ses conditions, pas forcément uniquement monétaires, à prendre ou à laisser. Les pays producteurs de pétrole sont en train d’adopter des politiques qui n’ont plus rien de commun avec un commerce libre ; le Venezuela ne fait plus passer qu’une partie de sa production par le commerce, pour en consacrer une autre à l’action diplomatique ; d’autre part, en remplaçant les concessions aux compagnies internationales par de nouveaux contrats léonins, voir en les annulant, ou en les remettant en cause dans des conditions inacceptables, les compagnies sont conduites à réduire leurs investissement, ou même empêchées de les poursuivre. Les producteurs du proche orient restent de marbre en constatant l’augmentation de la demande, soit pour étaler le revenu de la rente, ce qui reflète une prise de conscience de ce qu’il ne sera pas éternel, soit parce qu’ils ne disposent plus de réserves permettant d’augmenter la production. Tout ceci démontre qu’un commerce de pénurie est en train de se mettre en place ; il apparaît sur les matières premières énergétiques en premier, mais va s’étendre à de nombreux minéraux qui détiennent aussi la particularité d’être non renouvelables. Les restrictions concernant les métaux se répercuteront évidemment sur la production des produits manufacturés, pour lesquels les listes d’attente fleuriront, et un marché noir se mettra rapidement en place, comme on peut s’en douter en observant l’ampleur des vols de métaux depuis un ou deux ans.
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