La démocratie est le régime qui reconnaît au peuple la détention et l’exercice légitime du pouvoir. Il existe de nombreuses modalités de cet exercice, mais toutes nécessitent qu’à un moment ou à un autre le peuple le confie à un ou plusieurs élus qui, à partir de cet instant, agiront « au nom du peuple » sur tous les sujets compris dans leurs mandats.
Dans un régime démocratique on s’attend donc à ce que toutes les décisions de dépenses de l’État et parmi celles-ci l’engagement des fonctionnaires qui le servent, soient prises par les élus du peuple. C’est d’ailleurs ce qui se passe pour les militaires dont l’éthique professionnelle a hérité de l’adage romain selon lequel le pouvoir militaire obéit au pouvoir civil et qui ne se sont jamais permis de manifester d’une manière ou d’une autre, et encore moins par la menace de désordres publics, qu’ils exigeaient une augmentation de leurs effectifs.
Par contre les fonctionnaires civils se croient autorisés, en permanence, non pas à donner leur avis sur la question, ce qui à titre individuel, et en tant que citoyen, est parfaitement légitime, mais aussi en tant que corporation, à exiger des augmentations d’effectif (ou à refuser des diminutions, ce qui revient au même) sous la menace explicite ou implicite de perturber la vie publique et de nuire à la vie quotidienne des citoyens, ce qui ne l’est pas. Ces menaces reflètent en effet une capacité de nuisance considérables par la détérioration partielle et parfois complète des services publics, cause première de l’existence des fonctionnaires, ce qui conduit souvent les gouvernements à céder à la menace.
Cette pratique néfaste a causé des conséquences particulièrement sérieuses dans la période récente au cours de laquelle les effectifs de l’État ont continué d’augmenter alors que la décentralisation transférait de plus en plus de tâches aux régions ; il y a là une des raisons, et pas la moindre, de la situation désastreuse des finances publiques.
On voit que le droit de grève n’est pas, ou ne devrait pas, être concerné par un tel sujet ; il est en effet possible de défendre les intérêts actuels et futurs des salariés faisant grève, sans pour cela décider de sujets qui sont de la responsabilité exclusive des détenteurs légitime du pouvoir, les électeurs. L’argument selon lequel ces exigences d’augmentation des effectifs seraient uniquement motivées par les conditions de travail et/ou la qualité des services publics, il n’est pas recevable au motif que le premier est parfaitement traité par les pouvoirs actuels des instances représentatives du personnel et des institutions comme la médecine du travail et les autorités d’inspection en vigueur. Quant aux diminutions des effectifs budgétés tant qu’elles n’entraînent pas de licenciement secs elles ne nuisent pas au personnel en place qui bénéficie de toute façon du statut de la fonction publique.Dans l’intérêt de la vie démocratique, il serait donc souhaitable que les fonctionnaires cessent, en tant que corporation, de placer les effectifs dans leurs revendications, afin que ce sujet de grande importance retrouve la place qu’il mérite dans le débat public, sans être entaché des préjugés sur les fonctionnaires, ni des préjugés des fonctionnaires sur eux-mêmes
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