16.12.08

La confiance pose-t-elle plus de problèmes qu’elle n’est supposée en résoudre ?

On nous a beaucoup parlé de la confiance comme une vertu qui apporte aux sociétés qui la pratiquent le succès et le bonheur. Et certain avaient si bien gobé cet hameçon qu’il y a même eu des livres qui décrivaient la confiance comme une condition indispensable à la réussite économique, c'est-à-dire à la croissance du PIB, aux dividendes, et, pourquoi pas, au bonus (voir notre article du 5 Août 2008 De la confiance, en gros et en détail).
Malheureusement la confiance n’est pas une vertu, c’est un sentiment qui peut soutenir l’exercice de véritables vertus comme la franchise ou la générosité, mais en aucun cas suffire à l’action, de même qu’il ne faut pas agir sous l’empire de la haine ou de la jalousie. Lorsque ce point important est admis, peut-on répondre à la question posée en titre ? Ou bien, plus utilement encore, peut-elle, convenablement appliquée, nous aider à agir ?
Chaque fois que l’on décide de faire quelque chose avec une machine ou avec un animal, on évalue le risque qui résultera nécessairement, mais avec plus ou moins d’intensité, de cette action. Selon l’évaluation que l’on fait de ce risque, on procédera à l’action prévue, ou on s’équipera d’une protection (casque ou tablier) ou d’une garantie (assurance), ou éventuellement, on y renoncera, le risque s’avérant dépasser nos forces ou nos moyens.
Il devrait en aller de même avec les hommes ; toute action qui repose sur la participation d’autrui demande à être examinée sous l’angle de sa réussite d’abord, bien entendu, mais aussi sous l’angle de son échec possible ; et il faut évaluer les conséquences de cet échec. S’il résulte de cette analyse que la personne peut vraisemblablement conduire l’action envisagée de manière satisfaisante avec des risques d’échec mineurs et que l’on a les moyens de les supporter, on dira que l’on peut lui faire confiance, mais en vérité on se fait confiance à soi-même et à notre capacité d’analyser correctement la situation, les risques qui y sont associés et les moyens nécessaires pour réparer un éventuel échec. Et si notre analyse nous conduit à la conclusion inverse, on renoncera à l’action envisagée ; on dira alors que l’on n’a pas fait confiance à la personne, mais en vérité on ne se sera pas reconnu la capacité ou les moyens de surmonter les difficultés qu’elle pourrait nous causer.
Ainsi, si on veut parler de confiance en matière de prise de décision, il faut admettre qu’elle n’exprime pas un jugement sur la personne qui devra exécuter la décision mais sur nous-même et la capacité que nous nous reconnaissons de surmonter les difficultés.
L’application de ce petit principe par de très grandes et très hautes personnes aurait peut-être évité que des centaines de milliards s’évanouissent dans les égouts de Wall Street.

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