23.12.08

La Commission, la concurrence et l’électricité.

Comme chacun devrait le deviner, ce qui est difficile avec l’électricité, c’est de la produire, de la produire quand on en a besoin car on ne peut la stocker, et quand on l’a produite c’est de la rendre disponible à tout moment et à tous les endroits du territoire où les habitants peuvent en avoir besoin. Ce n’est pas l’avis de la Commission ; pour elle ce qui est difficile, et mérite protection, c’est de la facturer. Rien n’est donc plus important et urgent, en matière d’énergie[1], que de garantir à toute personne capable de faire des factures l’usage gracieux d’un réseau de distribution qu’il a fallu un demi siècle pour construire, et la production d’électricité d’une capacité nécessitant une maîtrise industrielle hors paire, à un prix lui permettant de vendre au même tarif que le producteur.
C’est ce qu’elle fait au Royaume-Uni, après l’avoir fait en Europe continentale, sur l’électricité et d’une manière générale pour tous les services publiques lourds en investissements. Mais avec l’électricité, service public fondamental pour les ménages et pour l’économie, et qui nécessite donc une modération tarifaire rigoureuse (comme le démontraient les tarifs français inférieurs à la moyenne européenne avant la réforme bruxelloise) on atteint les limites d’une idéologie. Cette destruction délibérée de ce qui constituait une motivation essentielle des investissements lourds (permettre une exploitation rentable de longue durée), représentation concrète de la valeur d’une entreprise industrielle, rendra très difficile les prochaines décisions d’investissement lourds ; le pire sera un financement d’état et une exploitation privée, détournement prévisible de la valeur ajoutée de l’investissement.

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[1] Comme si l’U.E. n’avait pas de problème énergétique plus urgent que de compliquer le seul domaine énergétique qu’elle maîtrise, alors qu’elle est dépendante du reste du monde pour tous les autres, ce à quoi la Commission ne semble pas se passionner, et que la Commissaire à la Concurrence ignore superbement.

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