10.3.09

Protectionnisme financier

On ne pouvait pas y échapper ; un des princes de la mondialisation heureuse (en l’occurrence le Premier Ministre Brown cité par The Independant) inquiet, à juste titre, de la fuite des capitaux de la City, causée par le besoin des banques étrangères établies au Royaume-Uni de rapatrier massivement des capitaux, partiellement compensée par les mouvements inverses des banques anglaises, nous avertit, sans rire, des dangers du protectionnisme financier.

Étrange et imprudente audace … C’est encore plus étonnant que la critique des consommateurs qui, inquiets, restreignent leur consommation pour constituer une épargne de précaution afin de ne pas tomber à la charge de la société quand les risques probables se réaliseront. Dans le cas des banques en effet, qualifier des actions légitimes (après tout, les capitaux rapatriés par les banques leur appartiennent ou à leurs déposants, elles n’en ont pas fait cadeau aux Rosbifs, et ces derniers ne les ont pas prévenues que tout dépôt chez eux était fait pour l’éternité) de protectionnisme alors que la mondialisation repose sur la liberté de mouvement de tout ce qui peut bouger et en particulier les capitaux, cela est d’une rare hypocrisie, surtout exprimé par ceux qui se vantaient encore hier d’être les parangons de la finance dont on sait qu’elle repose sur la confiance.

Peut-être bien que des contradictions soigneusement dissimulées jusqu’alors vont commencer à faire surface. Par exemple, l’exportation massive d’actifs financiers toxiques dans un emballage trompeur n’est-elle pas un acte de protectionnisme financier bien pire que le rapatriement de capitaux, puisque de nature à détruire les concurrents au moyen d’objets financiers conçus sinon dans ce but (encore que …) mais avec cette capacité ?

Il faut bien reconnaître que la crise a des aspects douloureux pour celui qui se croit encore le maître du centre financier le plus important du monde. L’argent du monde n’a plus confiance en lui ; les sous à la recherche d’asile vont aux États-unis ou en Suisse, pas sur les terres de sa Gracieuse Majesté ; je ne suis pas sûr que la crainte du protectionnisme financier suffise à les faire retourner à Londres …

Aucun commentaire: