8.3.09

Des exemples à ne pas (toujours) suivre

La fascination pour les États-unis, caractère souvent sympathique et parfois justifié, s’applique regrettablement trop souvent à tout, ce qui est évidemment trop et nuit forcément à l’exercice d’un jugement sain sur les sujets importants.

C’est ainsi que la critique, elle aussi justifiée, de nos organes d’information nous pousse à croire à la vertu permanente de la presse américaine. Et le 8 mars, Paul Krugman dans son blog relève que sur deux sujets majeurs, et potentiellement désastreux, l’invasion de l’Iraq et la dimension du plan de relance d’Obama, tout s’était passé comme si la presse américaine s’interdisait de permettre à l’opposition de s’exprimer. Il y a là une manifestation spectaculaire du refus spontané d’appliquer la liberté d’expression (garantie par le célèbre Premier Amendement de la Constitution des États-unis) à tous ceux qui voulaient critiquer ces projets quand cela risque de heurter un consensus patriotique. Cela écorne un peu l’image d’une presse libre, efficace et courageuse que l’on a attribuée à l’Amérique, et l’on aimerait tant pouvoir donner à notre presse aussi.

Cette fascination s’exprime souvent par l’usage d’une formule trop générale comme : La France (ou l’Europe, ou le reste du monde) est très en retard sur les États-Unis ; c’est vrai dans beaucoup de domaines, mais pas dans tous, loin s’en faut, et non des moindres.
De même, il ne faut certes pas se priver de critiquer le plan de relance du gouvernement, mais l’argument consistant à dire qu’il n’est pas bon parce qu’il représente un pourcentage du PIB inférieur au plan américain est véritablement stupide ; personne ne sait quelle est l’ampleur réelle de la crise, ni aux États-unis ni en France, et, le saurait-on, les deux situations ne sont pas identiques, rien ne permet donc ni de les comparer, ni de noter un plan mieux que l’autre. Par ailleurs, l’idée selon laquelle plus une dépense est énorme plus elle est utile est une fiction dramatique aussi néfaste que de juger que la détention en prison d’un pour mille de la population française constitue un « retard » par rapport à la détention de 5 pour mille de la population américaine.

On observe également une tendance à croire que l’imitation servile de ce qui a réussi aux États-unis (sans que les résultats réels complets nous soient toujours accessibles) résoudra nos problèmes d’innovation, de productivité, de compétitivité, de croissance, ce qui présente plusieurs inconvénients sérieux : il y a peu de chance que les conditions prévalant aujourd’hui chez nous soient identiques à celles qui ont permis le succès chez eux, et les efforts entrepris pour l’imitation se font au détriment de l’analyse et de la solution de nos vrais problèmes actuels. Fallait-il imiter les américains pour créer une industrie de l’aviation, ou des lanceurs spatiaux, ou des satellites?

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