La chute de l’URSS a fait sortir la dissuasion nucléaire d’une période marquée par sa raison d’être : instaurer une contre-menace indiscutable. Sans l’existence d’une menace nucléaire, les démocraties (et en tout cas, la France et son peuple) sont incapables, et souhaitons-le, le resteront, d’utiliser l’arme nucléaire même défensivement.
Est-ce à dire que la menace nucléaire ne pourrait plus réapparaître ? Certainement pas, il faut donc maintenir la force nucléaire française en état de fonctionner au niveau technique courant, afin de rester dissuasive. Existera-t-il une situation dans un avenir proche (les cinquante prochaines années) dans laquelle l’organisation de monde aura atteint la forme d’un État mondial qui ne pourrait donc plus s’auto-dissuader ? Nous n’en savons rien.
En tant qu’État souverain, il suffit que la France conserve sa force nucléaire indépendante en limitant l’expression de sa doctrine d’emploi à la dissuasion nucléaire ; une force nucléaire qui ne serait plus indépendante (au sens le plus strict que l’on peut donner à ce mot) n’a pas de sens.
Il reste alors à l’Union Européenne, pas à la France, à trouver une perspective européenne à une force de dissuasion nucléaire indépendante. Cette question ne trouvera pas de réponse (et ne sera probablement même pas posée) tant qu’une menace nucléaire sur l’Europe ne sera pas plausible, et si elle se manifestait, tant que le parapluie américain restera crédible pour les Européens. Mais dans l’hypothèse inverse, qu’il nous est interdit d’exclure, l’U.E. découvrirait rapidement l’intérêt que représente l’existence d’une dissuasion nucléaire européenne en état de marche.
La condition non négociable que la France devrait y mettre serait de conserver la maîtrise technique et industrielle de l’arme, en concédant à l’U.E., sous des conditions rigoureuses d’emploi, l’usage de vecteurs. Cela ressemblerait forcément aux accords États-unis/Royaume Uni sur le même sujet.
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