25.4.08

Le MoDem et la lisibilité

Pour lancer sa campagne présidentielle, François Bayrou a lancé une idée simple : nous avons besoin d’un parti qui accepterait une solution de gauche ou bien une solution de droite simplement parce que l’une nous apparaîtrait meilleure que l’autre. Il faut rappeler qu’à cette époque de la vie politique française, le contenu idéologique des principaux partis politiques était très proche de zéro, se réduisant pour la gauche à une inclinaison pour la générosité sociale, sans nier l’utilité d’un peu d’ordre, et pour la droite à une inclinaison pour l’ordre, sans nier l’utilité d’un peu de générosité sociale. Les électeurs avaient adopté la classification droite/gauche comme l’analyse définitive, et assez confortable, du contenu politique de toute mesure gouvernementale ou législative, ainsi que comme l’insigne d’un statut social témoignant de leur solidarité pour la gauche et de leur efficacité pour la droite.
L’idée qu’un nouveau parti pourrait s’affranchir des étiquettes conventionnelles et proposer aux électeurs une nouvelle vision de la politique fut immédiatement jugée comme une menace par les acteurs bien établis de la vie politique nationale. Les partis en premier virent dans ce nouveau participant, non seulement un concurrent, mais une menace envers leur conception sclérosée de la politique ; les journalistes redoutèrent une complexité nouvelle qui allait rendre plus difficile leur tâche d’information et d’explication ; et les intellectuels eurent à analyser et prévoir l’issue de cette initiative qui menaçait la validité de leurs schémas habituels. Mais ceux qui réagirent le plus vivement furent les hommes politiques les plus proches de FB qui n’acceptèrent pas les risques associés à cette nouveauté et partirent vers l’univers qu’ils connaissaient, celui des étiquettes si simples à comprendre.
Alors commença une épreuve qui n’est pas encore terminée, et qui a consisté à tenter de vider de sens le projet de FB. Le procédé est simple ; on n’a pas entendu les explications sur la politique autrement, et on pose sans arrêt une question dénuée de sens : « dans l’espace politique gauche-droite, où se situe le MoDem ? » , question démultipliée à l’infini chaque mois que le MoDem entre en contact avec un interlocuteur ou un objet de l’univers gauche-droite. C’est ainsi que le concept l’illisibilité du MoDem a été créé. On regrette d’ailleurs que cela ait été aggravé par les adhérents du MoDem eux-mêmes, qui, dans leur soif de trouver une réponse facile à la question naturelle des électeurs : « c’est quoi, le MoDem ?», véhiculent à l’intérieur du parti le regret qu’il soit difficile à décrire.
A ce stade, on est en droit de se demander comment 50000 personnes ont pu se laisser convaincre aussi facilement d’adhérer au MoDem s’il est si peu lisible, sans parler des sept millions d’électeurs qui on voté pour FB à la présidentielle. S’agissant des adhérents, ils ont souvent, et un peu partout, exprimé les raisons pour lesquelles ils ont adhéré, c'est-à-dire ce qu’était pour eux la lisibilité parfaite du projet de FB (quand ce n’était qu’un projet). A la question « c’est quoi le MoDem ? », ne suffit-il donc pas de répondre les raisons qui ont incité les 50000 à adhérer ?
Mais cela n’est évidemment pas suffisant, et il faut ensuite répondre à la question : « ça fait quoi le MoDem ? ».

12.4.08

Leclerc lance une pétition

Leclerc lance une pétition pour permettre la distribution hors des pharmacies des produits dont le remboursement par la SS a été interrompu.
D’après lui, le déremboursement a entraîné des augmentations de prix abusives de 20% pour la première salve et de 36% pour la seconde. L’argument est évidemment que l’industrie pharmaceutique et les officines ont profité de leur monopole pour exploiter les consommateurs.
Que s’est-il vraiment passé ?
Le prix de vente et les marges (de l’industrie et de la distribution – grossistes répartiteurs et officines) de toutes les spécialités pharmaceutiques remboursées par la SS sont fixés par l’Administration. Les produits déremboursés étaient des produits anciens dont les prix n’avaient par été réévalués depuis de très nombreuses années ; ils étaient encore fabriqués, simplement parce que le remboursement en soutenait la consommation et donc les séries économiques de fabrication.
Le déremboursement entraîne naturellement une chute brutale de la consommation de ces spécialités dont les séries de fabrication deviennent beaucoup plus coûteuses ; le prix de revient augmentant, le prix de vente augmente aussi et parfois dans de grandes proportion. Notons au passage que les médecins, sous la pression des malades auront parfois, non pas supprimé cette spécialité de leurs ordonnances mais l’auront remplacée par une spécialité plus récente et plus coûteuse, effet pervers bien connu des prix administrés qui annule l’effet attendu de la réforme, et parfois l’inverse.
Alors que va offrir vraiment Leclerc ?
Comme d’habitude la grande distribution va probablement vendre sans marge dans l’îlot de perte que sera le rayon des spécialités sans ordonnances, car l’océan de profit de ses autres rayons lui permet cette politique détruisant toute concurrence. Et les officines dont la marge moyenne n’est pas supérieure à celle de Leclerc vont perdre un rayon qui contribuait à leur fonctionnement.
Les consommateurs ont-ils enfin compris que la satisfaction à court terme de prix prétendument cassés voire pulvérisés leur a causé au cours des 20 dernières années de graves mécompte sur le plan de l’emploi ; l’apparente séduction des promesses de Leclerc constitue une menace sur le niveau de service et de sécurité auquel ils avaient normalement accès dans la distribution du médicament.

10.4.08

Taxer les carburants pour l'aviation

Les bonnes raisons que l'on a pu avoir de ne pas taxer les carburants pour l'aviation ont perdu de leur force avec la proximité de la fin du pétrole et la menace climatique.D'autre part, les marchés concernés (voyages d'affaires, tourisme, transport marchandise) ne semblent pas ou plus vitaux : la communication physique des affaires a perdu énormément de son importance avec le developpement de la communication par satellite, le tourisme à l'autre bout du monde peut être considérablement réduit, voire supprimé, et le transport aérien de légumes frais ou de fleurs est un pure gâchis.
D'autre part, nos importations de ces produits, ou du pétrole permettant de les obtenir, en seraient opportunément réduites si les compagnies s'organisaient pour s'approvisionner dans les aéroports de nos voisins qui n'appliqueraient pas cette idée.

L’heure de vérité approche

L’heure de vérité approche. Le déficit et son bâtard, l’intérêt de la dette, sont en train de prendre le pouvoir. Leur présence encombre toutes les prises de décisions qui en deviennent impossibles : sur le plan intérieur les superlatifs d’urgence et de priorité ne fonctionnent plus, sur le plan européen c’est un chef d’État loqueteux qui va présider l’Union, et dont les initiatives, qui ont en général un coût, seront assorties d’une mention inévitable : ce projet doit être reporté ; et sur le plan mondial, aucune action d’envergure ne peut être lancée sans ressources.Les plaisants stratèges de l’économie dont le discours apaisants n’avait pas de mot assez cruel pour ridiculiser les tenants d’une gestion prudente des finances de l’État, vont devoir constater qu’ils ont facilité l’accès de cet État à un lieu abhorré des vrais stratèges : l’impasse, l’endroit dans lequel nul choix n’est possible.Il faut souhaiter que les Français n’auront pas peur des mots comme rigueur ou redressement, et qu’ils ne retarderont pas, par les initiatives puériles dont ils sont coutumiers, la solution d’un problème que leur aveuglement a contribué à créer.Pour le MoDem, c’est le moment de montrer, avec modestie, que faire la politique autrement c’était aussi annoncer cette crise avant quiconque.

Fonds de Réserve des Retraites (FRR)

Le Fonds de Réserve des Retraites (FRR)
http://www.fondsdereserve.fr/IMG/pdf/Communique_9avril2008.pdf
donne une idée des difficultés de la retraite par capitalisation
En effet, dans une année au cours de laquelle les bourses n’ont pas été trop cruelle, la performance du fonds n’a pas dépassé 4.8%, c'est-à-dire 0.4% de mieux que la performance minimum acceptable (qui correspond au coût de la dette, car le FRR n’est en vérité qu’un emploi de capitaux empruntés !). Cela s’est ensuite fortement détérioré, puisqu’au cours du 1er trimestre 2008 le portefeuille a perdu 9% de sa valeur (3.1 milliards d’euros). Les capitaux disponibles il y a 15 mois sont donc en retard sur leur objectif de l’ordre de 18%. Certes c’est une gestion à long terme, mais le rattrapage même s’il n’est pas impossible, se produira, s’il se produit, selon un calendrier que personne ne peut prétendre maîtriser.
De plus, si on était, comme un fonds de pension « ordinaire », dans la phase de paiement de pensions chaque mois (ou trimestre), les fonds décaissés dans ces conditions boursières ne récupéreront jamais les plus-values perdues, qui devront être récupérées par les capitaux investis, c'est-à-dire que leur objectif de placement à long terme devra être relevé.
Ainsi, si l’objectif actuel du FRR était de 8%, les quinze dernier mois l’aurait porté à 9.5%, ce qui démontre la gravité des aléas auxquels est soumis ce type de placement.