Pour lancer sa campagne présidentielle, François Bayrou a lancé une idée simple : nous avons besoin d’un parti qui accepterait une solution de gauche ou bien une solution de droite simplement parce que l’une nous apparaîtrait meilleure que l’autre. Il faut rappeler qu’à cette époque de la vie politique française, le contenu idéologique des principaux partis politiques était très proche de zéro, se réduisant pour la gauche à une inclinaison pour la générosité sociale, sans nier l’utilité d’un peu d’ordre, et pour la droite à une inclinaison pour l’ordre, sans nier l’utilité d’un peu de générosité sociale. Les électeurs avaient adopté la classification droite/gauche comme l’analyse définitive, et assez confortable, du contenu politique de toute mesure gouvernementale ou législative, ainsi que comme l’insigne d’un statut social témoignant de leur solidarité pour la gauche et de leur efficacité pour la droite.
L’idée qu’un nouveau parti pourrait s’affranchir des étiquettes conventionnelles et proposer aux électeurs une nouvelle vision de la politique fut immédiatement jugée comme une menace par les acteurs bien établis de la vie politique nationale. Les partis en premier virent dans ce nouveau participant, non seulement un concurrent, mais une menace envers leur conception sclérosée de la politique ; les journalistes redoutèrent une complexité nouvelle qui allait rendre plus difficile leur tâche d’information et d’explication ; et les intellectuels eurent à analyser et prévoir l’issue de cette initiative qui menaçait la validité de leurs schémas habituels. Mais ceux qui réagirent le plus vivement furent les hommes politiques les plus proches de FB qui n’acceptèrent pas les risques associés à cette nouveauté et partirent vers l’univers qu’ils connaissaient, celui des étiquettes si simples à comprendre.
Alors commença une épreuve qui n’est pas encore terminée, et qui a consisté à tenter de vider de sens le projet de FB. Le procédé est simple ; on n’a pas entendu les explications sur la politique autrement, et on pose sans arrêt une question dénuée de sens : « dans l’espace politique gauche-droite, où se situe le MoDem ? » , question démultipliée à l’infini chaque mois que le MoDem entre en contact avec un interlocuteur ou un objet de l’univers gauche-droite. C’est ainsi que le concept l’illisibilité du MoDem a été créé. On regrette d’ailleurs que cela ait été aggravé par les adhérents du MoDem eux-mêmes, qui, dans leur soif de trouver une réponse facile à la question naturelle des électeurs : « c’est quoi, le MoDem ?», véhiculent à l’intérieur du parti le regret qu’il soit difficile à décrire.
A ce stade, on est en droit de se demander comment 50000 personnes ont pu se laisser convaincre aussi facilement d’adhérer au MoDem s’il est si peu lisible, sans parler des sept millions d’électeurs qui on voté pour FB à la présidentielle. S’agissant des adhérents, ils ont souvent, et un peu partout, exprimé les raisons pour lesquelles ils ont adhéré, c'est-à-dire ce qu’était pour eux la lisibilité parfaite du projet de FB (quand ce n’était qu’un projet). A la question « c’est quoi le MoDem ? », ne suffit-il donc pas de répondre les raisons qui ont incité les 50000 à adhérer ?
Mais cela n’est évidemment pas suffisant, et il faut ensuite répondre à la question : « ça fait quoi le MoDem ? ».
Ten Economic Questions for 2025
Il y a 7 heures
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire