25.1.09

Contrôler les produits risqués proposés aux épargnants[1].

En voilà une bonne idée de Madame Lagarde ! Cela ne peut qu’être utile, mais on a entendu parler d’autres produits risqués qui auraient été proposés, non à de modestes épargnants, mais à la crème de l’élite financière dont la naïveté est bien connue, c’est même pour cette sympathique qualité qu’on la recrute, et qui succombe facilement aux démonstrations de tous le bonimenteurs de la planète.

Comment protéger la bonne foi de ces humanistes pour éviter ce qui ressemble fort à la destruction complète du système circulatoire d’un être vivant, le système bancaire mondial, et, par voie de conséquence, de l’organisme lui-même c’est-à-dire l’économie, le tout évidemment aux frais (et aux souffrances, peut-on ajouter sans dramatiser) du peuple ?

La réponse à cette opportune question est simple : il faut contrôler les produits risqués proposés à quiconque (pas seulement ceux proposés aux épargnants), en s’assurant toutefois au préalable que le contrôleur des dits produits n’appartient pas à la même famille de pensée que la crème de l’élite financière, et aussi que celui qui serait chargé de coller l’étiquette « produit risqué » dispose bien du stock nécessaire d’étiquettes.

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[1] http://www.lefigaro.fr/patrimoine/2009/01/19/05001-20090119ARTFIG00609-vers-des-controles-accrus-sur-les-produits-financiers-.php

18.1.09

Le marché ne parie pas, il répond à des demandes

En observant qu’après l’annonce de tous les plans de relance de l’économie et de soutient des banques les marchés « parient sur l’explosion de la zone euro » en raison de la détérioration des conditions de crédit faites aux pays les moins bien notés, la presse (Jean Quatremer de Libération le 16/01/2009) tire des conclusions spectaculaires et probablement fausses, pour des raisons simples.

Les conditions qui se sont appliquées pays par pays en 2008 l’étaient en raison des volumes empruntés par chaque pays ; ces volumes augmentent considérablement en 2009 (le montant des besoins de financement de la France passera de 141.7 à 191.7 milliards d’euros soit une augmentation de plus d’un tiers). Il va donc être nécessaire de convaincre plus de prêteurs que l’année précédente de souscrire à nos emprunts. Comment fait-on pour convaincre des gens de changer l’usage qu’ils faisaient jusqu’alors de leurs sous ? Tout simplement en leur offrant un meilleur rendement, ou en acceptant leur exigence d’un intérêt plus élevé ; évidemment, voyant cela les prêteurs précédents vont exiger le nouveau taux, ce qui est bien normal. Ce n’est donc pas le marché qui a changé de point de vue sur la zone euro, car les nouveaux prêteurs sollicités en 2009 étaient très certainement du même avis l’an passé, c’est l’emprunteur qui a changé son approche du marché en demandant beaucoup plus.

Et franchement, que les Grecs doivent payer 5.34% quand il n’est demandé aux Allemands que 2.9%, cela vous semble scandaleux ? Le scandale ne serait-il pas plutôt que les Grecs bénéficie du même taux que les Allemands, ce que souhaitent certains, toujours prompts à faire supporter aux fourmis les folies des cigales.

10.1.09

Financer les dividendes par des emprunts

« Quoting the Crisis »[1] nous a encore déniché une information fascinante[2] sur une innovation appliquée dans les années 2004 à 2006 au financement des sommes versées aux actionnaires, pratiquement dans une bonne partie de l’univers de l’american business way (les entreprises de l’indice S.&P.500). Comme chacun sait, ces sommes comprennent les dividendes et les rachats d’actions en bourse. Pendant la période en question et pour les 500 entreprises de l’indice, les dividendes se sont élevés à 900 milliards de dollars et les rachats d’actions à 1700 milliards, soit au total à 2600 milliards, alors que les bénéfices nets de ces mêmes sociétés ne dépassaient pas 2400 milliards de dollars.

Il y a donc eu, au cours de cette période, au moins 200 milliards de dollars (et probablement beaucoup plus car on peut espérer qu’un échantillon de dirigeants sains survivait encore à cette époque), ont été empruntés pour être versés aux actionnaires, technique étonnante[3] qui n’apparaissait jusqu’alors dans aucun manuel des fameuses business schools locales.

Vient évidemment à l’esprit une question sur les conditions auxquelles ces prêts ont été consentis. Si par malheur ces conditions ressemblaient, peu ou prou, à celles qui étaient, au même moment, consenties pour les prêts subprimes, AMR (taux hypothécaire variable) ou autre, les entreprises concernées doivent envisager de sérieuses difficultés lors du renouvellement de ces crédits.

Finalement, la crise économique américaine ne se limitera sans doute pas à l’immobilier, à la finance, et à toutes les activités indirectement entraînées, mais aussi à celle qui auraient pu y échapper mais s’y seront conduites toutes seules.

Incidemment, on attend avec le plus vif intérêt que l’argument selon lequel la crise économique mondiale étendant actuellement ses ravages (dont nous sommes incapables de mesurer ni la durée, ni l’étendue), ne retire rien au mérite de la croissance supplémentaire qu’ont entraîné les folies des financiers, soit soutenu par quelques chiffres, et aussi quelques soustractions déduisant les grandes pertes réelles du présent des bénéfices du passé. Sans l’évaluation de ce solde, l’argument n’est pas présentable, et le sera de moins en moins, au fur et à mesure de l’apparition des conséquences de la crise.

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[1] http://quotingthecrisis.tumblr.com/
[2] http://www.nytimes.com/2009/01/09/business/09norris.html?_r=1&ref=business
[3] Le rachat de ses propres action par une société suppose A. qu’elle a un excédent de trésorerie, et B. qu’elle n’a aucun projet d’investissement présentant le moindre intérêt

8.1.09

Que les élections européennes soient l’occasion ...

Nous parlions le 23/12/2008 dans notre note intitulée « La Commission, la concurrence et l’électricité » de l’application idéologique des règles de la concurrence libre et non faussée faite par la Commission. Le déroulement normal des saisons, rien de plus normal qu’un froid hivernal en hiver, nous révèle un marché de l’électricité saturé, la France obligée d’importer aux heures de pointes de l’électricité hors de prix produite en Allemagne avec du charbon (vous avez dit taxe carbone ?) ; par ailleurs, notre approvisionnement de gaz est menacé par des querelles de voisinage sur lesquelles nous n’avons pas de prise autre que de payer la facture de l’Ukraine envers la Russie au plus vite. Tout cela dénote des manquements lamentables imputables à des institutions européennes et nationales aux priorités, si elles en ont, inadaptées aux responsabilités essentielles des États. Tout se passe comme si les innombrables difficultés et aléas de l’existence s’abattaient sur des enfants découvrant dans chaque problème un nouveau sujet d’étude que rien ne leur avait permis d’envisager.
Que ne nous a-t-on pas raconté sur la compétence des politiciens professionnels, tellement irremplaçables que la simple limitation des mandats ferait courir d’insupportables risques à la pérennité de la France, de l’Europe et peut-être même du monde. Or ne voilà-t-il pas 27 nations et leurs 450 millions d’habitants qui vont être bientôt privé de chauffage parce que nos représentants nous représentent fort mal et n’imposent pas le simple respect commercial qui nous est dû.
Que les élections européennes soient l’occasion de balayer ces tombereaux d’incompétence !

7.1.09

Quelle déflation ? …

La grande crainte aujourd’hui serait la déflation, la baisse de prix générale et durable qui amène les consommateurs et les entreprises à retarder leurs dépenses et leurs investissements dans l’attente de nouvelles baisses de prix, ce décalage aggravant la crise dans un cercle vicieux que rien ne peut arrêter.

D’après les experts, cette baisse générale des prix augmente les taux d’intérêts réels et accroît ainsi le poids de la dette des agents économiques. On fera respectueusement observer aux dits experts qu’ils parlent là de baisse des revenus et non de baisse des prix, ou alors considèrent-ils les prix comme des revenus, c'est-à-dire qu’ils parlent des petits commerçants (espèce en voie de disparition), ou d’agriculteurs dont la production ne risque pas de souffrit d’une longue baisse des prix. Mais dans une société composée en majorité de salariés à revenu quasiment fixe, même une augmentation importante du chômage laissera un nombre considérable de consommateurs avec des revenus inchangés, et le principal souci budgétaire, social et économique, sera de pourvoir aux besoins de ceux qui ont perdu leur emploi, et non d’arrondir le pouvoir d’achat de ceux qui l’ont conservé.
Il n’est pas inutile de faire observer aux experts que si la crise entraîne très naturellement un accroissement de l’épargne de précaution, avant même toute baisse éventuelle des prix, qui résultera en une baisse de la demande globale inévitable, c’est un comportement socialement sain et peu critiquable ; en effet, le désir de se protéger du risque de tomber à la charge de la société en cas de difficulté est normalement à encourager.
La diminution de la demande oblige les entreprises à s’adapter par toutes les voies possibles, y compris la baisse de prix, mais pas seulement, et en vue d’une situation compétitive destinée à s’améliorer pour les meilleures. Par ailleurs, si cette diminution de la demande se porte pour beaucoup sur l’immense domaine du superflu ou de l’inutile, ce qu’il n’est pas interdit de souhaiter (mais c’est évidemment à chacun de le définir), on devrait aussi concevoir une politique anticrise permettant de satisfaire les besoins vitaux de l’ensemble de la population.

Il est certainement possible d’y parvenir car la crainte décrite au début repose, pour l’essentiel, sur un raisonnement apparemment rationnel, mais dangereusement approximatif : la perspective d’une baisse future ne conduit pas toujours à retarder la décision d’achat tant que la perspective de baisse subsiste. En effet la liste des cas ou des circonstances où ce raisonnement ne s’applique pas porte sur des familles de produits très importantes :
- tous les biens de première nécessité
- les biens atteignant un niveau de prix où leur utilité pour l’acquéreur devient indiscutable, voire irrésistible (en particulier sous l’effet du progrès technologique), sans attendre la prochaine baisse
- les biens avec une importante composante matières premières dont le sens des variations de prix est imprévisible
La seule déflation dangereuse est celle qui résulterait de la baisse du prix du travail humain, et cette déflation là est déjà survenue : c’est celle qui a résulté des délocalisations, et elle a effectivement provoqué des ravages dont on souffre encore.

S’il faut démontrer que le raisonnement sur la déflation n’est pas d’application générale, l’exemple des produits technologiques est particulièrement frappant ; à chaque baisse de prix correspond un élargissement de la demande qui provoque une nouvelle baisse, etc. Tout le contraire de l’effet déflation : c’est la baisse qui génère la croissance.
Dans l’autre sens, l’éclatement des bulles entraîne une baisse de prix rapide, souhaitable pour en éliminer les excès, et permettre aux ménages de reprendre les acquisitions (dans le cas du logement), ou aux épargnants de reprendre les investissements (cas des actions), réactions évidemment souhaitables. De même, la destruction des entreprises affaiblies fait partie de la préparation du redémarrage de l’économie.

Tout ceci amène à penser que les programmes de relance de l’économie doivent moins ambitionner un redressement miraculeux avec de l’argent emprunté que l’on distribuerait largement à tous les consommateurs pour alimenter une demande supplémentaire d’importations asiatiques, en leur faisant payer, d’une manière ou d’une autre, l’année suivante, les intérêts de l’emprunt, qu’un programme assurant méticuleusement le nécessaire aux victimes de la crise, et aux autres les aides financières productives soit aux ménages soit aux entreprises leur permettant d’améliorer durablement leur situation.