Ce compte rendu
[1] énonce l’objet de la réunion et les décisions prises … comme tous les comptes rendus. Était-il besoin, plutôt que d’en exposer la conception d’ensemble et les conclusions, d’adopter la forme d’une liste de courses en 8 points? La question peut se poser, surtout pour aborder une négociation qui sera certainement difficile, car des points indépendants seront plus difficiles à défendre d’attaques indépendantes elles aussi.
Ensuite, la lecture de ce texte révèle quelques surprises stylistiques qui ne sont pas meilleures ; les voici.
« L’Europe doit prendre une part
majeure sur trois plans :
des principes […] ;
une méthode de travail pour assurer des décisions
réelles et rapides ;
un programme
complet de réponses […] adoptées
sans délai. »
Cette phrase a un problème de construction : à partir des trois plans, on attend « des principes, de la méthode, du programme », ou bien " les principes, une méthode, un programme", les trois membres étant séparés par des virgules et non des points-virgules. Mais elle a surtout un problème de clarté : qu’est-ce qu’une part majeure ? Est-il concevable que l’U.E. organise une réunion mondiale et y participe en y tenant une part modeste voire médiocre ? Que sont des décisions qui ne seraient pas réelles ? Comment voit-on qu’un programme de réponses est complet ? Et si elles sont adoptées sans délai, pourquoi ne pas les adopter tout de suite et ne pas faire de programme ?
On voit que le rédacteur, recruté sans doute dans une officine publicitaire ou électorale, croit renforcer son texte en l’inondant de qualificatifs inutiles, ou gênant.
« Les normes […] devront être révisées de manière à
s’assurer qu’elles ne contribuent pas […] ». « De manière à assurer » ne suffit-il pas ?
« Les organismes de normalisation,
notamment en matière comptable devront être réformé pour permettre un
véritable dialogue avec l’ensemble des parties intéressés,
notamment les autorités prudentielles ». Il est exact qu’au delà de deux, on n’est plus dans le dialogue mais dans la conversation, mais ce n’est probablement pas le sens du texte, alors pourquoi véritable ? Par ailleurs l’usage répété de
notamment (très abusivement employé devant les micros et caméras pour suggérer une liste longue et complexe dont on épargne l’énumération à l’auditeur) n’a pas d’emploi ici où on mentionne précisément les organismes et autorités concernés.
« Les grands groupes financiers internationaux devront être surveillés […],
au travers de la mise en place de collèges ». Nous atteignons là un sommet de complexité :
au travers de la mise en place est une expression incompréhensible, cependant
au travers de collèges pourrait avoir un sens architectural et urbain, mais que faire alors de
la mise en place ?
« La mission […] du FMI, qui dispose de la légitimité […] pour devenir
de plus en plus le pivot […]. » L'idée que l'on puisse progresser dans l'état de
pivot ne peut faire référence qu'au basket, sport respectable mais n'ayant que de lointains rapports avec la régulation financière. Mais bon ...
« […] son rôle sera
mieux articulé avec celui du Forum […]. »
« […] cinq orientations
concrètes pourraient être adoptées
dès le 15 novembre ; »
On ne voit pas ce que des orientations peuvent avoir de concret (on a la chance cependant d’échapper au TRES concret d’usage quasiment obligé de nos jours), ni ce qu’apporte dès si ce n’est que l’adoption le 15 novembre serait substantiellement supérieure, pour le bon peuple ébaubi par l’efficacité présidentielle, à une adoption regrettablement tardive le 16 ou le 17 du même mois.
« Le FMI doit […] exercer
pleinement son rôle de surveillance. »
« la promotion du libre échange
à travers l’achèvement rapide du cycle de Doha. » On ne peut que souhaiter que tout ce qui sera fait « à travers » ne soit pas fait de travers.
Qu’aurait pensé Boileau de tout ça ?
[1] http://www.ue2008.fr/impression.do?url=%2FPFUE%2Flang%2Ffr%2Faccueil%2FPFUE-11_2008%2FPFUE-07.11.2008%2FReunion_informelle_chefs_etat_et_de_gouvernement_de_Union_europeenne_le_7_novembre%3Bjsessionid%3D85892DF5F8EE016F92F62FE57A15D2AB