7.1.06

Observations sur la dette de l'Etat

On trouve sur le site de l’Agence France Trésor des informations indispensables à la compréhension des problèmes posés par la dette de l’Etat, et à une écoute critique les commentaires qu’elle a attirés récemment.

Par exemple un « expert » désireux de rassurer le public sur les conséquences de la création de la dette sur les générations à venir, affirmait que ces générations ne souffriraient pas d’avoir à la rembourser car elles auraient hérité des titres émis en contrepartie. Cela serait vrai si ceux qui rembourseront la dette (collectivement) étaient aussi ceux qui détiendront les titres (collectivement). Or, selon l’Agence France Trésor, 55% des obligations émises par l’Etat sont détenues par des non-résidents ; cela a deux conséquences et pose deux questions.

La première conséquence est évidemment que les générations futures auront à rembourser les obligations d’Etat détenues par les non-résidents ; il ne peut donc être nié que l’attitude irresponsable de la génération au pouvoir depuis 25 ans (de gauche ET de droite) aura effectivement pour résultat d’obliger ses enfants à rembourser les emprunts qu’elle a faits à l’étranger.

La seconde conséquence concerne tous les Français, présents et futurs ; le fait que 55% de la dette soit détenue par des non-résidents signifie qu’ils encaissent 55% des intérêts. Cela est d’une extrême gravité. En effet, si 100% de la dette était entre des mains françaises, les intérêts leur reviendraient en totalité, et on pourrait dire que finalement « ça ne sort pas de la famille ». Mais les intérêts annuels versés aux non-résidents représentent 23 milliards d’euros qui sont, et seront, prélevés sur les revenus des Français ; cette somme est considérable ; elle représente par exemple 15000€ pour 1500000 personnes, ou 1293€ pour chacun des 17790012 foyers fiscaux imposables. Cela aussi « sort de la famille », et tous les ans. Incidemment, il faut noter que la part détenue par les non résidents serait passée, entre octobre 2004 et octobre 2005, de 52 à 55%. Ce pourcentage concernant la totalité de la dette, cela voudrait dire que les emprunts émis durant cette période auraient été souscrit à 80% par des non résidents.

La première question, posée par l’évidente appétence des non-résidents pour les emprunts d’état français (mais cela doit se vérifier également pour les emprunts d’état de toutes les grandes nations), est la suivante : qui sont ces non-résidents ? Et plus précisément, quelles sont les mesures permettant de s’assurer que les emprunts d’état ne constituent pas le placement idéal de l’argent sale ?

La seconde question porte sur l’influence qu’a pu avoir l’évolution des taux d’intérêts à la baisse sur la tentation à laquelle les gouvernements n’ont pas résisté de voir l’emprunt comme un moyen peu coûteux de résoudre tous les problèmes (et de distribuer tous les plaisirs), et corrélativement si la détestation manifestée par les politiques pour toute augmentation des taux de la banque centrale ne trouve pas son origine dans la facilité résultant de bas taux d’intérêt.

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