Les fonctionnaires ont des soucis ; non pas en raison du grand nombre d’entre eux qui va partir prochainement en retraite, mais parce que leurs ennemis, qui non seulement n’ont pas pu réduire leur nombre mais se sont montrés incapables d’empêcher leur foule d’augmenter, font campagne pour au moins interdire leur remplacement.
Or, imaginez un peu la tristesse qui s’abat sur la vie d’un fonctionnaire lorsque son voisin de bureau part en retraite ; on a beau être content pour son collègue qui voit se réaliser l’idéal pour lequel il s’était engagé en entrant dans le service public (à ne pas confondre avec le service du public, concept distinct et sans aucun intérêt), il ressent à plein l’ennui de sa condition qu’il ne peut plus désormais partager. Dans le pire des cas, le chef de service peut même lui demander de traiter un dossier qui était auparavant à la charge de son collègue, ce qui constitue évidemment un abus de droit qu’il faudra d’urgence soumettre au syndicat qui pourra peut-être en faire un motif de grève. Mais le plus souvent, ces extrémités sont épargnées, car il y avait un bon moment que le cher collègue n’en fichait plus une rame. Ce sont donc des raisons morales, pour ne pas dire sentimentales, qui rendent nécessaire le remplacement des départs en retraite.
A cela les ennemis sans scrupules, ne respectant ni la morale ni les sentiments, opposent les nécessités financières qui exigeraient que moins de fonctionnaires se dévouassent sans compter au bien de la nation ; ils veulent bien qu’ils se dévouent, mais en comptant.
Cela aurait pu dégénérer en violent conflit entre les fonctionnaires et leurs ennemis, si le Président de tous les Français n’avait proposé une solution que Saint Louis n’aurait pas désavouée : pour consoler les fonctionnaires qui ne partent pas en retraite de la perte cruelle de leurs amis et collègues de bureau, et pour tenir compte du fait que les souffrances résultant de la perte cruelle en question ne cesseront jamais, il leur sera versé jusqu’à leur retraite à eux une indemnité égale à 50% des sommes économisées par le non remplacement des départs en retraite.
Fort heureusement, le revenu des fonctionnaires en retraite est payé par l’état, comme celui des fonctionnaires en activité ; les départs en retraite ne font donc pas faire une économie qui pourrait être partagée. La seule diminution des charges de l’état vient du décès des retraités ; et comme il y en aura beaucoup moins que de nouveaux retraités, les charges de retraites de l’état vont augmenter. Pour que l’ensemble se stabilise, il faudrait que les recrutements soient équivalents aux décès.
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