3.4.09

Wall Street 1 – Europe 0

Ce que l’on pouvait craindre est arrivé, les Anglo-Saxons ont formellement refusé la création d’une institution mondiale de régulation financière ; les perfectionnements et élargissements du Forum de Stabilité Financière ne le font pas entrer dans la catégorie des institutions internationale détentrice de pouvoirs par traité ; rebaptisé Conseil, il reste un club d’étude et de discussion dépourvu d’autorité et dont les nations appliqueront, ou n’appliqueront pas, selon leur bon vouloir, les recommandations ; et nous savons déjà que les banquiers de Wall-Street ne les appliqueront pas, sinon que pouvaient-ils craindre de mesures visant simplement à empêcher de nouvelles pertes catastrophiques ? Les États-unis n’ont pas encore compris qu’un retour de la croissance qui serait dû aux libertés laissées à leur finance ne pourra être porteur que de futures déceptions. Ils comprendront sans doute la prochaine fois, … peut-être …

Mais il ne faut pas que cela empêche l’Eurozone de s’organiser pour éviter qu’à l’avenir les débordements de l’innovation financière londonienne et new-yorkaise viennent siphonner l’épargne et le capital européens. Par un heureux hasard, les activités financières ont échappé à l’autorité de l’Organisation Mondiale du Commerce, il nous est donc certainement possible d’adapter la régulation et la supervision bancaire de la zone Euro aux dangereuses conditions qui vont continuer de régner sur la finance mondialisée.

Une première mesure à prendre d’urgence serait d’instaurer une nouvelle catégorie d’établissements financiers autorisés à faire toutes opérations pour leur compte propre (proprietary account ou own account), mais ne bénéficiant ni de la garantie de l’État ni du financement de la banque centrale ; les banques exerçant toutes les activités financières exclusivement pour des clients continueraient de bénéficier du régime actuel, en cessant, s’il y a lieu, toute activité pour compte propre. En d’autres termes, la banque est une activité particulière, jouissant de la garantie de l’État et du financement de la banque centrale, pour accomplir un service d’intérêt général indispensable à l’ensemble de l’économie, toutes choses incompatibles avec les activité de marché pour compte propre.

Cette mesure fort simple purifierait les activités financières en éliminant définitivement l’aléa moral, et son cousin l’aléa cupidesque, ce qui réduirait probablement la séduction des activités de marché pour compte propre.

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