18.3.05

La longue finance

On connaissait la haute finance, c’est à dire qu’on connaissait l’expression, mais son contenu avait l’habitude énervante de nous échapper. Non pas que l’on soit incapable de saisir la chose, mais manifestement il n’était pas considéré utile de nous en éclairer.

Pour la longue finance, c’est beaucoup plus simple, tout le monde peut comprendre : au lieu d’emprunter à une échéance suffisamment proche pour avoir une allure inévitable, on choisit une échéance si lointaine que l’on peut à peine percevoir les obligations qu’elle pourrait contenir. Par exemple 50 ans, ou 100 ans, ou davantage si ça marche. Evidemment la longue finance n’est pas offerte à l’Argentine, ni à tout débiteur qui, n’ayant fourni aucune garantie, croit malin d’expliquer à son créancier que la prochaine échéance pourra n’être versée qu’avec un léger retard, ou même pas du tout si ledit créancier est vraiment pris pour une pomme.

La beauté des échéances lointaines, c’est qu’on ne les paiera jamais. Quant aux intérêts annuels, dont le montant est si modique que l’on fait de leur parfait paiement une question de principe, ce sera un jeu d’enfant que d’emprunter la somme.

Alors me direz-vous, il y a le problème du Pacte de Stabilité que l’ignorance de la haute et longue finance conduit certains à poser avec insistance. En fait, la comparaison de la dette de l’Etat avec le PIB est parfaitement inutile, puisque l’on n’a aucune intention de la rembourser. La seule donnée utile est le montant du déficit qui doit juste être inférieur à la capacité d’emprunt ; le PIB n’a aucune importance, et c’est heureux, car on ne le connaît avec précision que longtemps après la fin de l’année concernée.

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