« Quoting the Crisis »[1] nous a encore déniché une information fascinante[2] sur une innovation appliquée dans les années 2004 à 2006 au financement des sommes versées aux actionnaires, pratiquement dans une bonne partie de l’univers de l’american business way (les entreprises de l’indice S.&P.500). Comme chacun sait, ces sommes comprennent les dividendes et les rachats d’actions en bourse. Pendant la période en question et pour les 500 entreprises de l’indice, les dividendes se sont élevés à 900 milliards de dollars et les rachats d’actions à 1700 milliards, soit au total à 2600 milliards, alors que les bénéfices nets de ces mêmes sociétés ne dépassaient pas 2400 milliards de dollars.
Il y a donc eu, au cours de cette période, au moins 200 milliards de dollars (et probablement beaucoup plus car on peut espérer qu’un échantillon de dirigeants sains survivait encore à cette époque), ont été empruntés pour être versés aux actionnaires, technique étonnante[3] qui n’apparaissait jusqu’alors dans aucun manuel des fameuses business schools locales.
Vient évidemment à l’esprit une question sur les conditions auxquelles ces prêts ont été consentis. Si par malheur ces conditions ressemblaient, peu ou prou, à celles qui étaient, au même moment, consenties pour les prêts subprimes, AMR (taux hypothécaire variable) ou autre, les entreprises concernées doivent envisager de sérieuses difficultés lors du renouvellement de ces crédits.
Finalement, la crise économique américaine ne se limitera sans doute pas à l’immobilier, à la finance, et à toutes les activités indirectement entraînées, mais aussi à celle qui auraient pu y échapper mais s’y seront conduites toutes seules.
Incidemment, on attend avec le plus vif intérêt que l’argument selon lequel la crise économique mondiale étendant actuellement ses ravages (dont nous sommes incapables de mesurer ni la durée, ni l’étendue), ne retire rien au mérite de la croissance supplémentaire qu’ont entraîné les folies des financiers, soit soutenu par quelques chiffres, et aussi quelques soustractions déduisant les grandes pertes réelles du présent des bénéfices du passé. Sans l’évaluation de ce solde, l’argument n’est pas présentable, et le sera de moins en moins, au fur et à mesure de l’apparition des conséquences de la crise.
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[1] http://quotingthecrisis.tumblr.com/
[2] http://www.nytimes.com/2009/01/09/business/09norris.html?_r=1&ref=business
[3] Le rachat de ses propres action par une société suppose A. qu’elle a un excédent de trésorerie, et B. qu’elle n’a aucun projet d’investissement présentant le moindre intérêt
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